Hector
"Hector, si je devais te perdre, il vaudrait mieux pour moi que je descendisse dans les profondeurs de la terre ; car, lorsque tu auras cessé de vivre, rien ne pourra me consoler, et il ne me restera plus que la douleur ! Prends donc pitié de moi, et reste au sommet de cette tour, si tu ne veux point rendre ton épouse veuve et ton enfant orphelin !
(…)
Andromaque (…) mon courage me défend de fuir devant nos ennemis. J'ai appris à être brave, à combattre aux premiers rangs des Troyens et à soutenir vaillamment la gloire de mon père et la mienne. Je le sens au fond de mon âme, un jour viendra où périront à la fois et la ville sacrée de Troie, et Priam et le peuple courageux du vaillant Priam ! Mais ni les malheurs réservés aux Troyens et à Hécube elle-même, ni la mort du roi et de mes frères, qui, braves et nombreux, tomberont dans la poussière, domptés par des bras ennemis, ne m'affligent autant que cette affreuse pensée, qu'un jour un Grec t'entraînera tout en pleurs dans sa patrie après t'avoir ravi la liberté. Que des monceaux de terre couvrent mon corps inanimé avant que j'entende les cris et les gémissements de mon épouse réduite à l'esclavage !"
Iliade, Homère.